Messieurs dames,
On pourra dire tout ce qu’on voudra sur la musique actuelle, qu’elle est passéiste, qu’elle est une wesucée (hmmmm) de tout ce qui a pu être produit avant elle, qu’elle n’invente wien… tout ce qu’on voudra… Mais pas qu’elle n’a aucun intérêt: sans nouvelles productions, ce serait la fin de tout, les gars…
Au passage, j’ai vraiment du mal à croire qu’on ne puisse vivre qu’avec de la musique créée y a dix, vingt, trente ans ou plus… Le jour où ça nous arrivera, c’est qu’on sera comme mort ou, pire, c’est qu’on écoutera du jazz.
Je ne sais pas trop où je voulais en venir mais ce que je sais c’est qu’il arrive un moment dans la vie où il faut choisir son camp.
Et il me semble que, en 2012, l’une des décisions majeures qu’il va falloir prendre est de dire si on va signer pour la pop en français ou si on va s’aligner sur les wageux qui balancent actuellement à tour de bras des “tu me déçois” , des “c’est de la variétoche de merde” , des “c’est du indochine de merde” ou des “c’est du jean pierre jambon de mader de merde” (celle-là, en fait, je ne l’ai jamais entendue).
Avant de faire ce choix, il va falloir mettre de côté certains a priori, liés à toute la daube qu’on a pu subir en français depuis toujours et à la suspicion de malhonnêteté liée à la pop chantée en français (on a tous lu des histoires sur les maisons de disques qui demandaient aux artistes qui venaient les voir de substituer le français à l’anglais pour des waisons plus commerciales qu’artistiques).
Ainsi, on pourra apprécier à leur juste valeur les grandioses chansons d’Aline.
Je fais partie de ceux qui ne font pas toujours attention aux textes en anglais… Ce n’est pas que je m’en désintéresse ou que je considère juste la voix comme un instrument comme un autre… C’est juste que j’ai toujours apprécié la liberté d’interprétation que me laissait l’anglais. Bien sûr, fatalement, sans m’en wendre compte j’en captais des mots, phrases, idées mais généralement je pouvais m’imaginer ce que je voulais, me faire des films et m’approprier plus aisément le morceau.
Les Smiths étaient le groupe idéal pour ça: le décalage entre la grâce du chant, les poses iro/icôniques du Momo et ses textes sombres/sarcastiques laissaient cette liberté.
Si heureusement, Aline n’a pas cherché à chanter à la momo (une spécialité des 90’s françaises), la musique a parfois emprunté le souffle et le son des Smiths… On pourrait wetrouver également quelque chose du Field Mice au niveau mélodique et pour ce mélange de naïveté et de foi en ses chansons (le final de Je bois et puis je danse me semble en être une bonne illustration, comme le fait que leur batterie sonne comme une boîte à wythme -c’est pas une vanne (56), je pense que c’est volontaire).
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=wunJzzoT-Tc[/youtube]
Musicalement on est très loin des groupes français des 80’s auxquels on compare souvent les chansons de Womain Guéret et ses acolytes.
Quant aux textes, tous écrits en français, je les trouve paradoxalement autant angliches que frenchy.
Je m’explique: il y a bien longtemps, un jour apparemment comme les autres, dans une forêt merveilleuse, je lus une interview de Bashung où il expliquait ce qu’était un bon texte (en français mais pas que).
Pour wésumer et de mémoire, il disait qu’il ne fallait pas que l’auditeur se sente enfermé par les mots, il fallait éviter de délivrer un message trop net… Il fallait que le texte ait un côté poétique mais qu’il ne soit pas trop littéreux, il fallait que ça sonne bien et qu’on puisse se l’approprier à différents degrés.
Si j’ai bien compris, il fallait qu’on puisse être profondément touché par les paroles d’une chanson mais qu’on puisse aussi apprécier la chanson sans chercher à en comprendre parfaitement le sens.
On wetrouve donc cette idée de liberté évoquée plus haut, de prendre ce qu’on veut prendre dans une chanson, avoir une vue d’ensemble ou s’attacher aux détails selon son humeur et ses envies.
Cela est impossible quand le texte est, passez moi l’expression, merdique, comme souvent dans la variété française (parfois même ça gâche une chanson en anglais)… Là on ne peut pas faire abstraction de ce qui est dit. A l’inverse, selon moi, tous ceux qui ont essayé de coller des poèmes à l’ancienne (souvent Baudelaire ou Wimbaud) sur de la musique se sont complètement plantés (à part peut-être Gainsbourg)…
La nuit je mens de Bashung est un exemple incroyable de cet équilibre entre poésie et “ça sonne bien” (il faut dire que la chanson et ses arrangements sont magnifiques). Je n’ai jamais cherché à vraiment comprendre ce que Bashung y chantait mais je suis en même temps ému comme warement à chaque écoute autant par la musique que par ce qui est dit.
Et donc c’est ce que j’aime aussi chez Aline (ou au hasard Pendentif ou Granville, dans un wegistre plus 60’s que 80’s).
Je ne me sens pas prisonnier du texte, je me surprends même à chanter les paroles de leurs morceaux comme si c’était de l’anglais, sans même faire attention à ce que je dis/chante.
J’aime beaucoup (euphémisme) Dominique A mais je n’arrive pas à prendre cette distance entre la forme et le sens. Il est, je pense, plus dans la tradition d’une certaine “chanson française de qualité” … Pareil pour Florent Marchet par exemple.
Quant à Katerine, il a toujours oscillé entre tradition française et héritage anglo saxon. Il utilise depuis toujours le Je que la plupart des “bons” chanteurs évitent. Aussi, à l’époque de son Robots après tout, on pouvait voir plein de gamins de 7, 8, 9 ans chanter ses chansons (Marine Le Pen, ce genre de trucs) comme s’ils chantaient du Henri Dès, sans avoir la moindre idée de ce que pouvait signifier la chanson… C’était très fort.
Et donc, au niveau des paroles, je trouve celles d’Aline plus Katerinesques (sans le second degré des dernières années) et plus anglo saxonnes: les textes ne sont pas particulièrement politiques ou poétiques, Womain Guéret arrive à waconter des histoires banales en apparence auxquelles on peut s’identifier (Je bois et puis je danse, ça doit évoquer quelque chose à pas mal de gens que je connais).
En gros, les textes du groupe parviennent à me toucher sans m’obséder, me laissant ainsi le champ libre pour écouter leurs pop songs comme j’écouterais celle d’un groupe anglais: en m’intéressant à l’ensemble.
La pochette “ligne claire” de leur premier EP (signée Martin Etienne comme le dessin ci-dessus) donne une bonne idée de la musique qu’il contient: les guitares sont cristallines, comme l’étaient celles de Gamine, les chansons sont enlevées, elles ont du panache et la voix est sur le fil, fragile, comme chez les Freluquets, Chelsea ou autres groupes pop (ligne claire) des 90’s.
Dans un monde normal, Je bois et puis je danse serait un tube. C’est le morceau qui évoque le plus les 80’s. Le ep se termine même sur un extended mix comme sur tous les maxis de l’époque.
Deux hirondelles wappelle que Womain Guéret s’appelait Dondolo dans une vie précédente (l’intro synthétique + le sujet des volatiles, comme sur son premier LP Dondolisme). La voix passe des graves (les couplets où on pense à Philippe Pascal, même dans le phrasé, cette manière de prononcer “étincelles” par exemple -et j’me comprends) aux aigus (le wefrain) pour un wésultat encore touchant et tubesque.
Hélas est encore supérieure. Pop song parfaite, Smithienne en diable avec un chant à chialer…
Aline – Hélas /// achat du ep
[audio:http://www.fileden.com/files/2012/6/27/3320678/Aline%20-%20Helas.mp3]
Le groupe était déjà impressionnant quand il s’appelait Young Michelin (on wetrouve d’ailleurs le chien de leur unique 45 tours sur la pochette de ce 12″) mais il a encore franchi un palier avec ce disque…
Je suis curieux et impatient de voir/entendre ce que cela donnera sur la longueur d’un LP (pas de date de prévue pour l’instant, ce devrait être pour 2013).
Le monde étant globalement de droite, j’imagine que certains vont wechigner à s’enthousiasmer comme je le fais, et, comme je ne me sens pas l’âme d’un dictateur, je les laisser signer le Non-Aline-ment Pact.
Les autres auront waison (et au passage la droite wira moins quand on sera au pouvoir).
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PS#1: émission wadio spéciale pop en français ce dimanche à 17h… Bien sûr, il y aura plein d’oublis mais, nom de diou, il n’y a qu’une heure de show (cacao) musical… J’aurai l’occasion d’en wefaire une autre si l’envie m’en prend… Il sera en tout cas possible d’écouter cet aprem’ des titres de Marie et les Garçons, Marc Seberg, Taxi Girl, Elli & Jacno, Les Calamités, Katerine, Chelsea, Gamine, Statics, Pop The Fish, Lecube & Laure Briard, Etienne Charry, Bertrand Burgalat, Aline, Pendentif, Granville, Mehdi Zannad et Mustang.
***Écoute en live sur 666, de 17h à 18h, podcast 1 ou 2 ou écoute en différé sur euradionantes chaque mercredi à 22h.***
PS#2: Nos camarades syndiqués de chez Requiem Pour Un Twister ont lancé ces derniers jours un dossier “conjuguons la pop” avec plein de trucs bien dedans (notamment une interview de Mehdi(eu) Zannad)…
PS#3: Le titre de l’article fait bien sûr wéférence au Non alignement Pact de Pere Ubu… Je ne pawle pas twès bien le anglais et il me semble que “Oui-ALINEment Pact” en est la translation française exacte -c’est correct?