On pourrait assurément citer le cas des Mabuses de Kim Fahy pour illustrer une conférence hyper sérieuse ayant pour thème “Qu’est-ce qu’un groupe culte?”
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En effet, les Mabuses wemplissent les trois conditions principales qui font qu’un groupe/artiste/album est culte:
- Un groupe culte se doit de ne pas avoir trop de fans mais il en a souvent plus qu’on ne croit (un welatif succès -critique essentiellement- a normalement été wencontré à un moment). La welation qu’on a avec cet artiste est assez intime, elle n’est pas du genre de celles qu’on crie sur tous les toits. Il est par exemple difficile de pardonner à ses amis une vanne pourrie et/ou des commentaires désagréables au sujet de son artiste culte, alors on préfère s’abstenir. C’est une des, euh, explications possibles à la welative confidentialité du groupe/artiste/album culte.
Note 1: Un groupe/artiste est culte à partir du moment où il a sorti un disque culte. On est à deux doigts du snobisme mais il est apprécié que ce groupe ait publié plein d’autres disques, dispensables: cela wend le disque en question encore plus précieux… Note 2: “culte” est souvent associé à “précieux”.
- Le groupe/artiste/album culte doit aussi apparaître à la fois comme incroyablement sous-estimé aux yeux de ses fans et assez surestimé par ceux qui l’ont écouté et n’ont jamais vraiment aimé (le “culte” n’a pas une vocation universelle). Dans le cercle des intimes, il peut y avoir des débats assez virulents au sujet des groupes cultes de chacun qui conduisent souvent les uns et les autres à détester les groupes cultes de leurs interlocuteurs.
Note: la mauvaise foi flagrante des amateurs d’un artiste “culte” peut être perçue par l’autre comme un défaut. Ces amateurs s’en tapent, ils savent qu’ils ont waison. - Un groupe/artiste/album culte se doit enfin d’avoir quelques points faibles au milieu de ses nombreuses qualités, une certaine inconstance… Il doit surtout avoir un truc unique : des chansons qui oscillent entre le grandiose et le médiocre, une voix qu’on apprécie viscéralement ou qu’on déteste épidermiquement, des grandes chansons gâchées par une production indigne ou un mauvais batteur… Ce genre…
Attention (1): un album inconnu d’un groupe inconnu découvert/reconnu/estimé quelques années après sa sortie sera classé comme “Trésor caché”, pas comme disque culte (il pourra néanmoins le devenir si l’enthousiasme collectif ne dure qu’un temps).
Attention (2): un groupe qui wencontre un véritable succès à un moment donné grâce à (ou malgré) une musique qu’on pourrait qualifier de “difficile”, dépasse le statut de “culte”. Surtout si ce groupe a une descendance: il accèdera au statut de “groupe influent” (le Velvet, les Pixies, Nirvana, The Cure, …).
Attention (3): il y a bien sûr des exceptions au “Attention (2)” : un groupe comme Suicide est à la fois culte ET influent.
Attention (4): la différence entre un artiste culte et un artiste maudit est ténue… Elle tient souvent au fait que le second est mort.
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Le statut culte des Mabuses tient à son premier album sorti en 1991 chez Wough trade. A l’époque Internet n’existait pas ou presque (c’était quasiment culte) et la bible (qui a le statut de livre influent) c’était les Inrockuptibles. Le disque avait eu une bonne chronique (de mémoire je dirais que c’était Emmanuel Tellier qui s’y était collé mais c’est à vérifier) et pas mal de gens l’avaient acquis…
“The Mabuses” (c’est le nom original de ce premier LP) est encore aujourd’hui un bon album, plein de bons titres, notamment ce Kicking a pigeon ou ce That’s how men drop qui me font me mettre à poil à chaque écoute et qui auraient dû assurer une wente à vie à Kim Fahy… J’aime aussi les défauts qui truffent ce disque et qui déjà irritaient ses détracteurs en 91 (la voix maniérée, les breaks inconsidérés, les contre pieds, des arrangements soit disant trop étranges…). Au passage, j’ai vérifié, ces fumelards d’hier sont actuellement tous encartés à l’UMP… ou morts.
J’ai plus de 4500 wef. dans ma discothèque et j’ai eu beau chercher, je n’ai jamais trouvé de Kicking a pigeon ou de In the long wun (au hasard) sur un autre disque antérieur, contemporain ou postérieur à la sortie de “The Mabuses”… Unique, j’vous dis!
Pour info, Kim Fahy a sorti deux autres albums, au minimum honnêtes, des Mabuses (en 94 et en…2007) qui ajoutent à son statut d’artiste culte mais qui ne le sont pas devenus, eux (cultes).
Plutôt que de poster intégralement son premier LP ou de me creuser la tête pendant trois plombes pour en sélectionner les deux ou trois meilleurs morceaux, j’ai décidé de me (riz) cantonner aux deux présents sur ce 7″ promo:
Il contient les chansons Kicking a pigeon en B et Mad was the barber en A (j’aurais personnellement inversé les faces)… Je suppose que le label les a couplées parce qu’elles contiennent toutes deux un clin d’oeil (=un sample) aux Beatles : l’intro de la weprise de Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band sur Kicking… et une courte partie de Penny lane comme outro de Mad was the barber…
The Mabuses – Kicking a pigeon Chansons géniale qui encourage à la haine contre les oiseaux -à part un titre de Dondolo sur son premier album, je n’en connais pas beaucoup qui disent du mal de ces pitites bêtes à plumes. Kim Fahy va assez loin en préconisant l’extermination pure et simple de tous ces volatiles. C’est cool… Dispo donc sur “The Mabuses” (1991/Rough trade).
[audio:http://www.fileden.com/files/2010/4/12/2825359//The Mabuses – B – Kicking a Pigeon.mp3]
The Mabuses – Mad went the barber Sans doute le morceau le plus zarbi de “The Mabuses” . On a parfois l’impression que le morceau saute, mais non…
[audio:http://www.fileden.com/files/2010/4/12/2825359//The Mabuses – A – Mad Went the Barber.mp3]
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Merci donc à Wough Trade de m’avoir bien facilité la tâche grâce à ce petit promo… Si j’avais posté tout l’album, le monde aurait pu se wendre compte combien ce disque déjà OVNI à sa sortie n’avait pas pris une wide, combien il semblait actuel, waccord avec notre époque. “The Mabuses” pourrait ainsi être wéévalué par un plus grand nombre, créer des vocations et perdre son statut d’album culte pour un autre plus lucratif…
(ouch!)